Des humbles débuts

Peut-on vraiment épargner au Québec?

Notre famille découvrit les concepts d’indépendance financière sur le tard, en 2015. Pourtant, nous avons commencé à recevoir des revenus qu’à partir de 2001. J’ai donc passé près de 14 ans sans vraiment connaître le sujet ou même savoir que cela existait. Notre famille a eu un revenu inférieur à la moyenne québécoise pendant la majorité de ces années.

Voici les revenus de notre ménage en comparatif avec la médiane québécoise. Entre parenthèses, le % du revenu vs la médiane du revenu des couples avec enfants, selon le cas.

Année Revenus Médiane Québec – 2 personnes ou plus Médiane couple avec enfants
2002 13 230 (21.2%) 62 300 75 800
2003 12 226 (19.6%) 61 900 79 200
2004 (Fins des études) 11 201 (17.8%) 62 800 77 500
2005  41 903 (64.6%) 64 900 81 000
2006 48 942 (74.9%) 65 300 82 200
2007 61 186 (92.1%) 66 400 84 600
2008 59 872 (88.6%) 67 600 83 300
2009 (Premier enfant) 62 433 (74%) 68 700 84 600
2010 (Deuxième enfant) 62 184 (72%) 67 800 86 100
2011 60 707 (66%) 68 900 91 800
2012 71 634 (80.5%) 74 500 88 800
2013 88 150 (98%) 74 400 89 800
2014 90 791 (99%) 75 900* 91 600*
Moyenne de toutes les années 52650 (69.6%)

 

67 800 84 330

*Les données de 2014 n’étant pas disponible au moment d’écrire, j’assume une augmentation de 2%.
Source :

Regardez les montants pour chaque année. Nos revenus sont toujours inférieur à la médiane québécoise. De plus, notre revenu moyen est d’à peine 69.6% celui de la médiane. C’est donc dire qu’il y a plus de la moitié des ménages avec enfants qui ont eu des revenus plus élevés que nous.

À la fin de 2014, j’estime que notre valeur nette était d’environ 140 000$; soit 70 000$ dans les REERs et 70 000$ dans l’équité de notre maison.

Nous aurons donc, en seulement 13 ans de carrière, tout en ayant un revenu inférieur à la médiane québécoise accumulé près de 150 milles dollars.

Et durant toutes ces années :

  • Nous avons pris 2 longs congés parentaux pour les enfants, totalisant 11 mois.
  • Nous avons voyagés deux fois outre-mer au coût de plus de 12 000$
  • J’ai passé 8 mois à essayer de me lancer en affaire sans succès, j’ai eu des revenus de moins de 1000$ pendant cette période.
  • Nous avons toujours été en vacances une fois ou deux par année à des coûts minimums de 2000$ à chaque fois. Nous n’avons jamais été « cheap » pour les vacances.
    • Mais nous avons jamais utilisé un forfait « tout-inclus ». Nous préparons nous même notre voyage. C’est une des parties plaisantes!
  • Nous avons acheté une voiture neuve de plus de 25000$, financé à 1.9% d’intérêt.
  • Nous n’avons pas optimisé nos REERs et n’ai pas profité au maximum du bonus de mes employeurs.
  • J’ai investi dans des fonds mutuels « au hasard » sans trop savoir ce que je faisais et je me suis fait manger par des frais de gestion très élevés.
  • J’ai tout transféré mon argent dans des fonds d’actions risqués juste avant la crise financière, m’assurant ainsi de perdre le maximum de mon investissement !
    • Temporairement… je n’ai pas touché à cet argent et les fonds ont éventuellement remontés.
  • Nous n’avons jamais fait notre épicerie avec des coupons. Nous avons toujours acheté ce qui nous tentait. Très rarement nous regardons les prix.
  • Nous n’avions jamais fait de budget, et nous n’en faisons toujours pas. Exception de l’année avant d’acheter la maison, afin de calculer l’impact sur nos finances.

Si on additionne les revenus de notre famille, nous obtenons 684 000 dollars sur ces 13 ans. La médiane québécoise pour TOUS les ménages de 2 personnes ou plus est de 881 000 dollars. La médiane des couples avec enfants est de 1.1 million de dollar.

C’est donc dire qu’avec un revenu cumulatif de 400 000$ moindre que la médiane québécoise, sur 13 ans, nous avons réussi à épargner près de 150 milles dollars, et ce, sans plan, sans conseiller financier, sans comptable, sans diplôme économique, et sans investir à la bourse autrement que par mon employeur.

Nous avons eu quelques bonnes étoiles :

  • Nos parents ont payé nos frais d’études universitaires.
    • Je compte rendre la pareille à mes enfants.
  • Nous avons évité la plupart des mauvaises dettes. Nous avons toujours fait nos paiements à temps, évitant ainsi les frais d’intérêts sataniques que les banques et émetteurs de cartes de crédit chargent.
  • Nous sommes en bonne santé.

La conclusion est simple, la moitié des ménages québécois est largement capable d’atteindre l’indépendance financière.  En fait, en tant que société, toutes les familles sont capables d’atteindre l’indépendance financière. Non seulement ça, en tant que société, nous pourrions donc viser de tous arrêter de travailler au maximum à 50 ans.

Nous avons fait un choix de prendre 65-67 ans comme année de retraite, et nous l’assumons tous politiquement. Mais est-ce vraiment un choix ? Pourquoi 65? Pourquoi pas 62? Pourquoi pas 77? Pourquoi pas 43?

C’est cette fatalité qu’il faut remettre en question. On ne se pose pas assez à la question. Ou bien, on se dit que c’est impossible, on n’a pas d’argent. Mais nous le faisons pas, nous vivons de chèque de paie à chèque de paie. Quel terrible manque de vision et de perte de ressources.

Cela ne devrait même pas être un phénomène marginal. L’argent est là. Il s’agit juste de prendre en charge ses finances, de faire attention, de s’éduquer sur le sujet, et hop, vous êtes capables.

Dans la rue où j’habitais, une rue bien normale de gens à salaire moyen. Des VRs étaient stationnés sur le tiers des terrains. La plupart des entrées avaient 2 automobiles, souvent, de moins de 3 ans. Notre voisin immédiat possédait 5 voitures. Je n’ai rien contre posséder un VR. C’est le fun d’avoir la liberté d’un motel mobile. Je n’ai rien contre posséder des voitures neuves; c’est le fun une voiture neuve; ça roule bien, ça se conduit bien, ça ne brise pas. Par contre, ces mêmes gens se plaignaient d’être « Taxé à 50% par le gouvernement » et « Je n’ai pas d’argent pour ma retraite », ou « Je ne peux pas prendre de vacances cette année ».

Ouf! Ce n’est pas que vous n’avez pas d’argent ou que vous êtes taxés à 50%. C’est que vous avez précisément choisi de mettre votre richesse dans des biens à court-terme et que vous vous êtes nuit à long terme. Vous avez fait des choix qui font que votre « vous présent » possède des biens matériels qui rendra votre « vous futur » plus pauvre.

Être riche, c’est d’investir dans votre vous future. Si vous perdez du poids maintenant, votre vous future vous remerciera. Si vous économisez maintenant et vous changer votre mindset, vous, et votre vous future, seront plus heureux.

Toute notre richesse est devant nous, à nous de la prendre.

4 thoughts on “Des humbles débuts

  1. Quel super témoignage!

    Ça prouve la théorie qu’on peut aspirer à l’indépendance financière à un jeune âge, même avec un salaire moyen. C’est d’ailleurs mon cas. 🙂

    Contrairement à ce que plusieurs pensent, vous ne vous êtes pas vraiment privé. Vous avez pris des vacances, des congés parentaux, démarré une entreprise, etc.

    J’adore ce blogue.

    Au plaisir de lire la suite!

    1. Wow, merci pour les beaux mots.
      Je me suis quand même privé un peu. Je n’ai pas conduit le dernier char de l’année, je n’ai pas fait un voyage à Cuba à Noël, je n’ai pas toujours eu le dernier équipement électronique…

      Mais… ça ne me manque pas du tout. 🙂
      Je n’ai qu’un cellulaire depuis 2015. Et, quoi que je trouve ce gadget formidable, je trouve que ce coup sur le long terme est faramineux. Même avec des plans relativement peu cher…

  2. Salut,

    Personnellement, je fais 2 grands constats:

    1) L’endettement non relié à un actif s’appréciant généralement dans le temps (hors hypothèque) est en train de couler ou d’enchaîner pour une longue période bien des gens (cartes de crédits, marge de crédit, prêt étudiant, prêt automobile, prêt sur le mobilier, etc)

    2) Les gens épargnent peu et une grande proportion de ceux qui le font (souvent pour se donner bonne conscience) ne savent généralement pas comment investir leur épargne autrement que par les traditionnels fonds communs de placement et se font ainsi bouffer une grosse partie de leurs épargnes.

    1. Totalement. Pour le (2), j’y étais en plein dedans. Pourtant, je lisais les nouvelles et les sections « Économie » des journaux. J’essayais de comprendre. Je crois que cela reste largement mystique pour la plupart des gens. La finance ne rend pas ça facile non plus. C’est un peu comme s’acheter une maison – on rend ça compliqué, donc cela prend un courtier. Pareille pour les finances… ah, c’est trop compliqué, je délègue à mon banquier, conseiller financier, première personne que je vois… et je paierai de large frais.

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